15h56.
(Site
en travaux, à suivre…)
Au
sujet de
de
Henriette
Marquebreucq-Horovitz.
Introduction
Depuis plus de 150
ans de recherches exégétiques et historiques, diverses dates ont
été avancées pour préciser le moment de la
naissance de Jésus. Ces recherches
s’évertuent quasiment toutes à corriger les données
transmises par
Nous voulons livrer
aujourd’hui le fruit de trente-cinq ans de longues et patientes
recherches. Certes, nous ne prétendons pas résoudre toutes les
questions qui se posent et dont certaines seront évoquées, mais
nous pensons que certains éléments nouveaux viennent jeter une
lumière non négligeable sur la question de cette datation de la
naissance de Jésus. Nous proposons donc de partir avant tout des textes
bibliques qui donnent quelques renseignements historiques, puis de présenter
les éléments nouveaux qui apportent, à
nos yeux, des précisions permettant
d'approcher sinon de cerner la date de la naissance de Jésus.
Comme il est impossible de traiter tous ces éléments à la
fois, nous les amènerons progressivement en fournissant une introduction
minimum à chacun de ceux-ci afin d'en faciliter la compréhension.
I. Données
bibliques
Seuls deux des
quatre évangélistes, Matthieu et Luc,
présentent un récit d’évènements relatifs
à la naissance de Jésus.
Après avoir
donné une généalogie humano-spirituelle de Jésus
(1,1-17), l'évangéliste Matthieu
raconte sans aucune précision chronologique la visitation de l'ange
Gabriel à Joseph (1,18-25). Puis, au deuxième chapitre, il dit
laconiquement, en un demi-verset, que Jésus est né à Bethléem
de Judée, aux jours du roi Hérode.
I. – Matthieu 2,1 : La naissance de Jésus à Bethléem
1 |
Or Jésus étant né
en Bethléem de dans
les jours d'Hérode le roi, voici des mages d'Orient arrivèrent vers Jérusalem [1] |
Suit alors
l'épisode bien connu de la visite des mages venus d'orient (2,1-12),
suivi de la fuite de la sainte famille en Égypte (2,13-15), du massacre
des innocents de Bethléhem (2,16-18) et enfin du retour
d’Égypte :
II. - Matthieu 2,19-23 : Le retour d'Égypte
19 |
Or Hérode
ayant-terminé-sa-vie, voici un ange du Seigneur apparut en
songe à Joseph en Égypte, |
20 |
disant : t'étant levé, prends le petit-enfant et sa
mère, et va vers [la] terre d'Israël, car ils sont morts ceux qui voulaient l'âme du
petit-enfant. |
21 |
Or lui s'étant levé, il prit le petit-enfant et sa
mère, et il alla vers la terre d'Israël. |
22 |
Or ayant entendu qu'Archélaüs
régnait (sur) à
la place de son père Hérode, il craignit de s'y rendre ; or divinement averti par songe, il se retira vers le territoire de la
Galilée, |
23 |
et venant il demeura vers une ville dite Nazareth,
afin que fût rempli ce qui avait
été annoncé par les prophètes : qu'il sera appelé
Nazaréen. |
Ici Matthieu fait
allusion à la mort d'Hérode et à son successeur
Archélaüs sans autre précision de date.
L’évangéliste
Luc parle quant à lui de certains évènements ayant
précédé la naissance de Jésus et en rapport avec
celle-ci.
III. - Évangile de Luc 1,5-80 : Conception, naissance et circoncision de Jean le Baptiste
De ce long
récit nous retiendrons les versets 5, et 8-9.
5 |
Il
advint dans les jours d'Hérode, roi
de un
certain prêtre du
nom de Zacharie, de
l'ordre-de-garde d'Abiah
; et sa femme [était] d'entre les filles
d'Aaron, et le nom d'elle [était]
Élisabeth. |
8 |
Or il advint dans
l'accomplissement-de-sa-fonction-sacerdotale dans
le tour de son ordre-de-garde devant Dieu, |
9 |
d'après la coutume du sacerdoce d'offrir-le-parfum entrant vers le temple du Seigneur, |
Puis saint Luc
raconte la naissance de Jésus en relatant le contexte historique de
celle-ci.
IV. - Évangile de Luc 2,1-5 :
Naissance de Jésus à Bethléem
1 |
Or il advint en ces jours-là
[que] parut un édit d'auprès
de César Auguste, que
soit recensée toute la terre-habitée. |
2 |
Ce
premier recensement advint Quirinus
étant gouverneur de la Syrie. |
3 |
Et tous allaient [pour] être
recensés, chacun vers sa ville. |
Les
évangélistes Matthieu et Luc, sont les deux seuls à donner
un récit de la conception et de la naissance de Jésus. Ils ont en
commun de situer ces évènements de manière large "aux
jours d'Hérode", (Mt 2,1
; Lc 1,5) "roi de
Si Matthieu n'offre
guère de repères très précis, se limitant à
évoquer le règne
d'Hérode, sa mort, et son
fils Archelaüs, qui lui succéda, Luc par contre présente
quelques précisions :
1°- Zacharie, le père de Jean le
Baptiste, appartient à la classe
ou famille d'Abiah, et l'annonce faite par l'ange de la naissance
miraculeuse d'un fils a lieu pendant un
tour de garde ayant échu à ladite famille de Zacharie ;
2°- la
naissance de Jésus eut lieu à Bethléem de Judée,
où un décret de
recensement – recensement premier – ordonné par César
Auguste appelait Joseph et Marie à s'y rendre ;
3°- ce
recensement eut lieu alors que Quirinus était
légat ou gouverneur de Syrie.
L'empereur Auguste
ayant régné de 27 avant J.C. à 14 après J.C., ce
"premier" recensement demeurant difficile à identifier, et les
deux mandats de Quirinus aujourd'hui attestés mais demeurant auréolés
d'un certain flou, il reste très aléatoire de parvenir à
une datation précise à partir de ces seules données. C'est
pour ces motifs, et bien d'autres encore, plus ardus les uns que les autres,
que depuis près de deux siècles, diverses hypothèses ont
été élaborées, chacune présentant un
degré de plausibilité dans la mesure où les
éléments qu'elle défend restent fragmentaires, sans
qu'aucune ne parvienne à unifier toutes les données de la
question.
Depuis longtemps,
les commentateurs se résignent à répéter une de ces
hypothèses, sans même ne plus prendre la peine de justifier encore
leur inclination envers l'une des positions en présence. Quelquefois
encore, certains, s’armant de patience et de courage, reprennent à
nouveaux frais les données, cherchent à éliminer les
impossibilités majeures, à tenir compte des moindres
détails susceptibles d’aider à démêler
l’écheveau, et tentent, par là, de resserrer au mieux les
dates possibles, non sans affronter au passage d'autres difficultés ou
incohérences.
II. Mystère
de
Où est le mystère ?
Durant les tout premiers siècles de notre
ère, la vie chrétienne était essentiellement
centrée sur la mort et
Cependant, dans son livre "
Mais revenons sur ce qu'entraîne la date de
la naissance de Jésus.
D'abord, à partir de la date de naissance
de Jésus au solstice d'hiver, nous pouvons présumer logiquement
la date de l'Annonciation / Incarnation neuf mois plus tôt, soit en mars, (le 25 mars selon
Ensuite, de Lc 1,36, qui nous rapporte
qu’au moment de la conception de Jésus, Élisabeth en est
à son 6ème mois, nous pouvons aussi présumer
que la naissance de Jean le Baptiste a lieu 6 mois avant son cousin
Jésus, soit en juin (le 24
juin selon
Enfin, de Lc 1,23, qui laisse entendre que
Jean fut conçu "quelques jours" après la garde de
Zacharie, il est permis de présumer logiquement que la conception de
Jean le Baptiste remonte à 9 mois avant juin, donc aux environs de la fin du mois de septembre précédent,
quelques jours après la visite de l'Ange à Zacharie pendant sa semaine de Garde au Temple de Jérusalem.
C’est ici qu’intervient un
élément nouveau fourni par les documents de
Parmi ces manuscrits découverts en 1947,
un petit nombre de fragments présente des parties de calendriers
synchroniques, festifs, pontificaux ou liturgiques [6]. Plusieurs d'entre eux donnent
des morceaux de chronologie des tours de
garde au Temple de Jérusalem. Selon l’ordre établi par
Aaron et repris par David (1Chr 24,7-19), les 24 familles ou classes
sacerdotales se relayaient à tour de rôle pour assurer le service
à l'intérieur du Sanctuaire. Comme chaque famille assurait le
service durant une semaine, chacune d’elles servait deux fois par an et,
l'année comptant 52 semaines,
quatre familles entamaient un troisième service à la fin de
l’an (solaire). Le fait que quatre familles servaient une
troisième fois l’an et que l'ordre des familles restait
rigoureusement inchangé [7] provoquait un décalage
régulier, non dans l’ordre des familles, mais bien dans
l’époque de l’année où chacune de ces familles
remplissait son tour de garde. Il fallait donc six années pour que toutes les familles aient rempli le
même nombre de gardes. Et comme, à partir de la fin de la
première année, chaque famille se retrouvait avancée de
quatre semaines toutes les 24 semaines, chacune d'elles parcourait tous les
mois de l’année au cours de ce cycle de six ans. De plus, vu la
différence d'un jour et quart entre l'an solaire et l'an Julien, il
survenait un décalage de 7 jours par rapport à l'équinoxe de printemps à la fin de la 6ème
année du cycle des gardes. Aussi fallait-il normalement créer une
semaine de garde supplémentaire cette année-là (371 jours
au lieu de 364 dans le calendrier solaire et 365 jours dans le calendrier
Julien), mais cette semaine, logiquement nécessaire, n'est pas attestée.
Bien que fragmentaires, les témoignages
livrés par les manuscrits de
Pour avoir une vue d'ensemble, on pourra
consulter le calendrier complet, mis en concordance avec le tableau des Gardes
établi à partir des données des rouleaux de
En ce qui concerne la famille Abiah, qui nous retient
spécialement, nous y découvrons qu'elle était de garde au
Temple deux fois l'an, et trois fois uniquement la troisième année (les 2ème, 26ème et 50ème
semaines), comme nous le voyons dans le petit tableau ci-dessous :
Tableau du cycle des six ans des gardes au
Temple ( cal. solaire )
Cycles
de 6 ans |
an
I/VI |
an
II/VI |
an III/VI |
an
IV/VI |
an
V/VI |
an
VI/VI |
Xe semaine sur 52 semaines solaires (1ère garde) |
10e |
6e |
2e |
22e |
18e |
14e |
(2ème
garde) |
34e |
30e |
26e =fin septembre Zacharie |
46e |
42e |
38e |
(3ème
garde occasionnelle) |
|
|
50e |
|
|
|
Si l’on respecte les déductions de
dates considérées à partir du texte de Luc, la garde de Zacharie, qui appartient
à la classe d'Abiah, ne peut
se situer qu'en une année III
du cycle de VI ans des Gardes
Sacerdotales au Temple pour se retrouver précisément
fin septembre, (la dernière
semaine complète de
septembre), soit la 26ème
semaine du calendrier solaire.
Un des fragments de Qumran, le document 4Q328 [9], rend
compte du service pontifical selon les années et les saisons (ou trimestres).
Nous y lisons en ligne 4 : "[Pour
la troisième année, Miya]min, Petahia, Abi[ah et Yakhin]".
La famille Abiah
était donc en tête (chef) du troisième trimestre de
Un autre
fragment de Qumran, le document 4Q321
fr.1, col.1, [10] fournit
plusieurs indications en ce qui concerne explicitement
la première année du cycle
des Gardes pour les mois 7 à 12.( cal.
Solaire )
Voici le texte,
fin de la ligne 1 et début de la ligne 2 : "La pleine lune (selon Martin Abegg) tombe le deuxième jour (lundi) du service de Abia[h, le] vingt-[cinquième
jour du huitième mois (solaire),
et le duqah [11] ] [tombe le troisième jour (mardi) du service de Miyamin, le douze] du (même) mois" (soit 13
jours avant cette Pleine Lune).
Or, nous sommes en mesure d'affirmer que ces
données correspondent très exactement au lundi 17 novembre de l'an 757 de
Rome dans le calendrier Julien. Pourquoi
cette certitude ?
D'abord
parce que, sachant que la pleine lune apparaît, de visu, deux nuits
d'affilée. Une pleine lune s'est présentée la nuit du
samedi 15 au dimanche 16 et la nuit du dimanche 16 au lundi 17 novembre de l'an
+ 4 de JC, selon les phases très précises de la lune
renseignées par la Nasa[12].
Mais
surtout parce que, à parcourir minutieusement toutes les années
qui s'étalent de 63
avant JC (709 de Rome
/ 3716 des Hébreux ) jusqu'à 70 après JC (823 de
Rome / 3830 des Hébreux), toutes
ces indications réunies en une même année ne se
rencontrent qu'une seule et unique
fois, à
savoir en cette année 757 de
la fondation de Rome ou année 4
de Jésus-Christ.
Le service d'Abiah dont il est ici
question se fit du shabbat 23e
jour jusqu'au shabbat 30e
jour du 8e mois solaire,
autrement dit du samedi 15 au samedi 22 novembre du calendrier Julien, le 25e
jour du 8e mois solaire
correspondant avec précision au lundi 17 novembre, en n'oubliant
pas que dans le Judaïsme, le jour commence la veille au soir à 18
heures. Pour une vue
d'ensemble, nous renvoyons ici à notre Tableau synoptique
(partiel) et au Calendrier Solaire
de l'an + 4 de JC selon les manuscrits de
Ainsi renseigné de solide façon sur le fait que
l'année + 4 de JC fut bien
une année I du cycle de VI ans des Gardes [13], nous pouvons dresser le tableau
suivant :
Historien |
an 3 av JC |
an 2 av JC |
an 1 av JC |
an 1 de JC |
an 2 de JC |
an 3 de JC |
an 4 de JC |
Astronome [14] |
– 2 |
– 1 |
0 |
+ 1 |
+ 2 |
+ 3 |
+ 4 |
An de Garde |
I |
II |
III |
IV |
V |
VI |
I |
Année de
Rome |
751 |
752 |
753 |
754 |
755 |
756 |
757 |
des Hébreux |
3758/59 |
3759/60 |
3760/61 |
3761/62 |
3762/63 |
3763/64 |
3764/65 |
Dans ce tableau, en remontant depuis l'an 4 de JC., nous découvrons
que l'an 1 avant JC correspond
à une année III du
cycle des Gardes, ce qui signifie qu'une garde de la famille Abiah y a bien eu
lieu la 26ème semaine
de cette année-là, soit très exactement du samedi 18 septembre au samedi 25
septembre du calendrier Julien,
ou de l'année 753 de Rome, ou
encore au tout début 3761 des
Hébreux, l'année du calendrier hébreu commençant le 1er
jour de Tichri (lundi 30 août de l'an 1 av. JC). Cette semaine julienne
concorde avec la semaine des Hébreux qui
débutait, cette année-là, le jour du Shabbat, 28ème
jour du 6ème mois solaire, et se terminait le Shabbat
suivant, le 4ème jour du 7ème mois solaire.
Suite à la vision de Zacharie pendant la 26ème
semaine de l’an solaire, Jean-Baptiste fut
conçu fin septembre de l'an 1 avant
JC (conception
fêtée le 23
septembre dans l'Église orthodoxe) ; il est donc né
logiquement à la fin juin de
l'an 1 de JC (754 de Rome / 3761/62
des Hébreux).
Ces deux chiffres d'années hébraïques
s'expliquent par le changement d'année aux environs de septembre julien
Si nous savons donc :
1°- que
l'année de garde de Zacharie et donc de la conception de Jean est
toujours une année III sur VI du cycle des Gardes,
2°- que
l'année de la naissance de Zacharie et de la naissance du Christ, - tous
deux nés la même année -, est donc
nécessairement une année IV du cycle de VI, et
3°- qu'une telle année IV/VI
ne tombe qu'en l'an 1 de JC. (754 de Rome) ou qu'en l'an 6 avant JC. (soit
– 5 des astronomes, aussi an IV/VI ),
alors, reporter éventuellement
à l'an 7 voire même 8 avant JC. la naissance de Jésus, tout
autant que la placer en l'an 5, 4, 3, 2 ou 1 avant l'ère devient
insoutenable.
Deux dates restent donc possibles pour
la naissance de Jésus : soit 1 de l'ère chrétienne, soit 6
avant l'ère chrétienne, ou en langage d'astronome, +1 ou –
5.
La scrupuleuse et légendaire
rigueur des Juifs en matière de service liturgique, service au sujet
duquel les Manuscrits de
Il nous faut, ici, scruter à
nouveau les données bibliques.
Au début du chapitre 3, v. 1
à 3, de son évangile, Luc dit ceci à propos de Jean :
1 |
Or en l'an 15 du gouvernement de
Tibère César, Ponce Pilate étant-gouverneur de et Hérode
tétrarque de or Philippe son frère
tétrarque des territoires de l'Iturée et de Trachonitide, et Lysanias tétrarque de
l'Abilène, |
2 |
sous (le) pontificat d'Anne et Caïphe, une parole de Dieu advint sur Jean le fils de Zacharie dans le
désert. |
3 |
Et il vint vers toute [la]
région-environnante du Jourdain proclamant un baptême de
repentir pour une rémission des péchés. |
Et un peu plus loin, au v. 23, Luc
continue à propos de Jésus :
23 |
Et Jésus lui-même
était (en) commençant à-peu-près de trente ans |
La question tourne ici autour d'un seul
petit mot grec : " æse… " (ôsei),
qui signifie devant un nom de nombre : "à peu près,
environ". Ayant six mois de plus que Jésus, Jean a donc lui
aussi aux alentours de trente ans lorsqu'il entame son ministère
prophétique. Et Luc signale que l'empereur Tibère qui a
succédé à l'empereur Auguste, est dans son année 15
de règne (an 15 et 8 mois, c'est-à-dire sa 16ème
année de règne). Or Tibère a succédé
à Auguste le 19 août de l'an 14 après JC., et a
été intronisé solennellement en fin septembre de la
même année, après les semaines de deuil
Le 19 septembre correspond au
décompte des années du règne de Tibère mort le 17
des calendes d'avril en an 37 de JC selon Suétone
–( le 16 mars 37 JC -).
Ici trois calculs sont possibles :
1°- soit que l'on compte les années de règne par les
années civiles entamées (usage romain) ; 2°- soit que l'on
compte les années de règne à partir de la date
d'intronisation ; 3°- soit que l'on ne compte que les années civiles
complètes, les derniers mois de la première n'étant pas
comptabilisés.
Dans le premier cas, nous comptons
à partir de l'an 14, - de janvier à décembre -, pour
arriver à une 15e année de règne qui
s'étend de janvier à décembre 28. Dans le second cas, nous
comptons d'août en août (ou d'octobre en octobre), pour arriver
à une 15e année de règne qui s'étend
d'août 28 à août 29 (ou d'octobre 28 à octobre 29).
Dans le troisième cas, nous comptons seulement la première
année de règne à partir de l'année 15, et nous
aboutissons à l'an 29 (de janvier à décembre) comme 15ème
année de règne.
Dans la 1ère hypothèse
(an 28), Jean né en 1 de JC. a 27 ans en juin 28 et entre dans sa 28ème
année ; dans les 2ème et 3ème
hypothèses, il a 28 ans en juin 29 et entre alors dans sa 29ème
année, ce que Jésus fera fin décembre de l'an 29.
Si l'on tient compte des paroles exactes
de Luc, qui rapporte d'abord que c'est
Dans toutes les autres
éventualités imaginées, nous infligeons au texte de Luc
des distorsions arbitraires considérables et injustifiables.
Quant à se référer
aux dates émises par Flavius Josèphe, qui pratiquement est le
seul à parler de toute une série d'évènements ou de
personnages cités par l'évangile de Luc, nous voulons attirer
l'attention sur plusieurs points. D'abord sur le fait que beaucoup
reconnaissent à Flavius Josèphe des harmonisations, compilations
et remaniements forcés. Ensuite qu'il fournit souvent, d'un écrit
à l'autre, une double chronologie, parfois fluctuante, parfois
même carrément contradictoire, des mêmes
évènements mentionnés, ce qui rend difficile la recherche
de précision à partir de ses propres indications. Sa chronologie
présente des difficultés pas nécessairement insolubles
mais délicates.
A
la lumière des documents de
1 |
Puisque beaucoup entreprirent de composer un exposé au
sujet des faits qui
ont-été-pleinement-accomplis parmi nous, |
2 |
selon ce que nous transmirent ceux-qui depuis le commencement sont-advenus
témoins-oculaires et serviteurs de la Parole, |
3 |
il me sembla bon à moi-aussi ayant-suivi-attentivement depuis-l'origine tout avec-précision de t'écrire de façon-ordonnée illustre Théophile |
4 |
afin que tu reconnaisses en ce qui concerne les paroles dont
tu fus instruit, la solidité. |
Luc souligne clairement la
minutie de l'enquête qu'il a voulu mener personnellement avant de relater
les évènements, et cela dans le but avoué d'affermir la
foi de son lecteur. Là où Luc propose du solide, pourquoi se
plaire à l'affaiblir ? Car cette minutie est fondée.
Il n'est pas originaire de Palestine, mais d'Antioche de Syrie, et rien
ne laisse entendre qu'il était Juif. Il est donc étonnant que ce
soit précisément lui, plutôt que Matthieu, qui relate le
trait relatif à la garde de la famille sacerdotale d'Abiah.
Eloigné qu'il est de Jérusalem, Luc ne
peut fournir un tel détail "technique" qu'avec l'aide d'une
solide source de renseignement juive, si ce n'est même d'une personne
contemporaine des évènements rapportés. Car relater une
garde d'une semaine d'une famille sacerdotale précise, garde qui s'est
déroulée à Jérusalem et au moins 40 ans plus
tôt, ne se fait pas par hasard.
Au vu de tout ce qui
précède, reporter éventuellement à l'an 6 av.
JC. la naissance de Jésus, sous prétexte que cet an 6
était aussi une année IV du cycle des Gardes, s'avère
incompatible avec le maintien de l'an 15 de Tibère, l'âge de
Jésus passant alors de 30 à 36 ans à l'aube de
son ministère public.
Si la 15e année du principat de Tibère va du 19 septembre 28 JC (après le mois de deuil de
Auguste mort le 19 août 14 JC) au 19 septembre (ou octobre) 29 et si
Jésus avait été crucifié en mars 29 comme certains
le soutiennent, il aurait à peine eu le temps d'entamer son
ministère qu'il aurait été aussitôt crucifié,
ce qui est aberrant. En juin 30 JC, Tibère
régnait depuis 15 ans et 9 mois ( Confirmé par Flavius
Josèphe ( Ant.Jud.
livre 18 chap 6-10) : Tibère règne 22 ans 5 mois 3 jours )
Et si Jésus était né en l'an 6 avant
JC. (- 5), et crucifié en 34, il aurait alors eu 40 ans, ce qui est tout
aussi invraisemblable, car en totale contradiction et avec les données
évangéliques et avec
Conclusion
Jésus
est bien né le 25 décembre en l'An I de l'Ère [15],
et il est même permis de préciser que ce
25 décembre était un dimanche. [16] Telle est l'année établie par Denys Minor, canoniste et computiste originaire de
Il resterait à se pencher sur les dates de
naissance, d'accession au trône et de mort d’Hérode le Grand
; mais celles-ci soulèvent trop de questions que pour être
traitées dans le cadre de cet article. Certains détails
donnés par Flavius Josèphe à ce sujet demandent cependant
qu'on leur accorde une attention particulière, ce que nous ferons dans
un complément à venir. De même, la chronologie de Quirinus
soulève bien des questions sur lesquelles nous reviendrons. Quant à
la date de la crucifixion, elle fera, elle aussi, l'objet d'un travail
ultérieur.
Par ailleurs, les archéologues n'ont pas
encore pu boucler leurs derniers rapports en ce qui concerne la forteresse
Hérodion, qui est aussi le tombeau d'Hérode, puisque la
quatrième tour est toujours en attente d'être fouillée. Il
paraît donc prématuré de se baser sur des
interprétations de textes de Flavius Josèphe qui gardent des
contradictions non résolues pour faire planer le doute et jeter a priori
le discrédit sur les travaux de Denys Minor et sur les renseignements
que livrent les Manuscrits de
La légende veux que Denys Minor se nomme
lui-même Denys le Petit par rapport à un autre Denys
célèbre. Ce Denys le Petit, moine, très érudit,
très minutieux et très consulté par les Papes et les scientifiques
s'appelle Denys Minor en souvenir de sa province native en Roumanie
nommée Scythie Minor.
Le père de l'auteur de ces lignes est
aussi originaire de Roumanie (Barlad).
Mésestimer les écrits de Denys
Minor ne fut-ce que par répétitions inconscientes et surtout non
contrôlées est peu élégant et non justifié.
En
cette année 2005 de l'An de l'Incarnation et
de
Henriette Marquebreucq-Horovitz Waterloo,
le 4 novembre 2005
Annexes
Annexe
1 : Extrait
du Bulletin : "Terra Sancta", nov-déc. 1999
(sous
la direction des Pères Franciscains en Terre Sainte)
"Jusqu'à présent on a cru que la
date du 25 décembre était une
christianisation des saturnales romaines qui célébraient la
renaissance du soleil "toujours vainqueur".
Et voici qu'une nouvelle découverte jette un
peu de lumière sur la date de la naissance de Jésus. Le savant
israélien
Voilà qui donne une valeur historique au
choix du 25
décembre pour la fête de
Noël."
[1] La traduction des textes des évangiles est
toujours refaite littéralement sur le grec.
[2] En 440 et
pour la toute première fois, le pape Sixte III célèbre une
messe de Noël à minuit. Et c’est sous Charlemagne que fut
instaurée la célébration des trois messes, de la Nuit, de
l’Aurore et du Jour de Noël.
[3] Bayet, Jean,
La Religion Romaine, éd. Payot, 1976, pp. 226
à 229.
[4] Une petite explicitation doit être
donnée ici à propos du décalage des solstices et
équinoxes. L'introduction intempestive d'années bissextiles a
provoqué le décalage des solstices et des équinoxes, les
faisant passer du 25 du mois sous Jules César, au 21 du mois, la chose
ayant été constatée en mars 325 par les astronomes et
actée la même année par les Pères du Ier
Concile de Nicée. Cette équinoxe du 21 mars a été
maintenue jusqu'à ce jour pour le calcul de la fête de
Pâques.
[5] L'article relatant la "découverte" de ce professeur est
paru dans le Bulletin des Pères Franciscains, "Terre Sainte",
nov./ déc. 1999. Nous en reproduisons un extrait en annexe.
[6] Michael Wise, Martin Abegg, Jr., Edward Cook, Les
Manuscrits de la Mer Morte, Plon, 2001 ; repris en collection de poche Tempus,
n° 45, éd. Perrin, 2003. Précisons
que les calendriers synchroniques donnent les correspondances précises
entre les mois de l'année luni-solaire (354 jours) et les mois de
l'année solaire (364 jours) et sont, comme tous les autres, des
calendriers d'archives et non prévisionnels.
[7] Le seul changement
par rapport à l’ordre donné en I Chroniques, concerne la famille Gamoul qui a
été
rétrogradée au
profit de la famille Delaja, à
l'époque, semble-t-il de Hyrcan. Chaque famille comptait environ
200 à 300 membres et l'on tirait au sort ceux qui devaient prester la
semaine échue à la famille.
[8] http://www.theol.rug.nl/~tigchelr/priesterdiensten.htm : avec les colonnes week
[semaine], dag [jour] qui se réfère au mois solaire et non
julien ou grégorien, et jaar [année].
[9] Cfr Wise, 4Q328, p.402.
[10] Cfr
Wise 4Q321, fragment I, col. I, p. 390-391.
[11] Cfr Wise, p.
374-375. Ce terme "duqah" embarrasse les chercheurs selon lesquels il ne peut
que signifier "1er croissant" (parler de 1er
quartier est astronomiquement incorrecte) ou "nouvelle lune". Mais
l'étude minutieuse de ce document, avec les lunaisons de la NASA, la
liste des gardes et le calendrier solaire, indiquerait plutôt qu'il
s'agit d'un lendemain de néoménie, lendemain de l'observation du
1er croissant (et non 1er quartier), et 1er
jour ouvrable du mois lunaire. La racine = soit "observer", soit
"se briser", soit "dévoilement" ou
bénédiction du Rosh Hodesh (tête ou premier jour du nouveau
mois lunaire).
[12] Cfr Espenak F., Moon Phases from -1999 to +3000 ; http://sunearth.gsfc.nasa.gov/eclipse/phase/phasecat.
html ; et nombreux autres sites sur le sujet.
[13] Bien que tardif, un ancien document rabbinique affirme que l'an 70
après JC était une année I sur VI au moment de
l'incendie du Temple de Jérusalem avec la garde de Jojarib (retrouver cette
référence) ; ce document vient
à son tour corroborer le fait que l'an 4 après JC, 66 ans
soit 11 cycles plus tôt, était bien lui aussi une
année I sur VI, et donc que l'an I avant JC était bien
une année III sur VI, indispensable pour trouver une garde d'Abiah vers l'équinoxe
d'automne.
[14] Pour des
nécessités purement mathématiques, les astronomes se
voient contraints d'introduire dans leurs calculs une année zéro
; il faut donc toujours rester vigilant pour savoir de quelle année
exacte il est parlé, puisque l'an 0 des astronomes correspond à
l'an 1 avant JC, l'an – 1 à l'an 2 avant JC et ainsi de suite.
[15] Soit un lendemain de Shabbat comme
plus tard pour sa Résurrection.
[16] La naissance de
Jésus a donc lieu au solstice d'hiver, celle de Jean au solstice
d'été.
[17] Venu vers l'an 500 à Rome, peut-être
déjà à la demande du pape Gélase Ier
(492-496), Denys Minor publia d'abord des canons grecs et latins. Puis, sous le
pape saint Symmaque (498-514), il rassembla des décrétales
pontificales. Enfin, à la demande du pape Hormisdas (514-523), il
réalisa une édition gréco-latine des canons synodaux de
l'Église grecque dont il ne reste que la préface. Invité
par le Pape Jean Ier (523-526) à travailler sur la chronologie de
Pâques, Denys publia ses deux lettres De ratione paschæ, son Cyclus
decemnovennalis, et ses Argumenta paschalia, où il insistait
sur l'adoption du cycle pascal alexandrin de dix-neuf ans, et continuait les tables
pascales de saint Cyrille pour une durée de 95 ans à partir de
l'an 525 ; c'est dans ce travail que, rompant avec
l'ère
de Dioclétien ou des martyrs (29 août 284), il compte pour
la première fois les années à partir de la naissance de
Jésus-Christ, qu'il fixait en l'an 754, de Rome. (D'après DTC,
IV, 448-449.) On lira aussi les lignes que son ami Cassiodore lui a
consacrées dans ses "Institutiones", l. I, 23, PL, t LXX, col
1137.