Mise
à jour le 27/11/2007 18h20.
Au sujet de
de
Henriette
Marquebreucq-Horovitz.
Introduction
Depuis plus de 150 ans de
recherches exégétiques et historiques, diverses dates ont été avancées pour
préciser le moment de la naissance de Jésus. Ces
recherches s’évertuent quasiment toutes à corriger les données transmises
par
Nous voulons livrer
aujourd’hui le fruit de trente-cinq ans de longues et patientes recherches.
Certes, nous ne prétendons pas résoudre toutes les questions qui se posent et
dont certaines seront évoquées, mais nous pensons que certains éléments nouveaux
viennent jeter une lumière non négligeable sur la question de cette datation de
la naissance de Jésus. Nous proposons donc de partir avant tout des textes
bibliques qui donnent quelques renseignements historiques, puis de présenter les
éléments nouveaux qui apportent, à nos yeux,
des précisions permettant d'approcher sinon de cerner
la date de la naissance de Jésus. Comme il est impossible de traiter tous
ces éléments à la fois, nous les amènerons progressivement en fournissant une
introduction minimum à chacun de ceux-ci afin d'en faciliter la
compréhension.
I.
Données bibliques
Seuls deux des quatre
évangélistes, Matthieu et Luc, présentent un récit d’évènements
relatifs à la naissance de Jésus.
Après avoir donné une
généalogie humano-spirituelle de Jésus (1,1-17), l'évangéliste Matthieu raconte sans aucune précision
chronologique la visitation de l'ange Gabriel à Joseph (1,18-25). Puis, au
deuxième chapitre, il dit laconiquement, en un demi-verset, que Jésus est né à
Bethléem de Judée, aux jours du roi Hérode.
I. – Matthieu 2,1
: La naissance de Jésus à
Bethléem
1 |
Or Jésus étant né en Bethléem
de dans les jours d'Hérode le
roi,
voici des mages d'Orient
arrivèrent vers Jérusalem [1] |
Suit alors l'épisode bien
connu de la visite des mages venus d'orient (2,1-12), suivi de la fuite de la
sainte famille en Égypte (2,13-15), du massacre des innocents de Bethléhem
(2,16-18) et enfin du retour d’Égypte :
II. - Matthieu 2,19-23
: Le retour
d'Égypte
19 |
Or Hérode ayant-terminé-sa-vie,
voici un ange du Seigneur apparut en
songe à Joseph en Égypte, |
20 |
disant : t'étant levé,
prends le petit-enfant et sa mère,
et va vers [la] terre d'Israël,
car ils sont morts
ceux qui voulaient l'âme du
petit-enfant. |
21 |
Or lui s'étant levé,
il prit le petit-enfant et sa mère,
et il alla vers la terre
d'Israël. |
22 |
Or ayant entendu
qu'Archélaüs régnait (sur)
à la place de son père
Hérode,
il craignit de s'y rendre ;
or divinement averti par songe,
il se retira vers le territoire de
la Galilée, |
23 |
et venant il demeura vers une ville dite
Nazareth, afin que fût rempli ce qui avait été
annoncé par les prophètes : qu'il sera appelé
Nazaréen. |
Ici Matthieu fait allusion à
la mort d'Hérode et à son successeur Archélaüs sans autre précision de
date.
L’évangéliste Luc parle quant
à lui de certains évènements ayant précédé la naissance de Jésus et en rapport
avec celle-ci.
III. - Évangile de Luc
1,5-80 : Conception, naissance et
circoncision de Jean le Baptiste
De ce long récit nous
retiendrons les versets 5, et 8-9.
5 |
Il
advint
dans les jours
d'Hérode, roi
de un
certain prêtre du
nom de Zacharie, de
l'ordre-de-garde d'Abiah
; et
sa femme [était] d'entre les filles d'Aaron, et
le nom d'elle [était] Élisabeth. |
8 |
Or
il advint dans
l'accomplissement-de-sa-fonction-sacerdotale dans
le tour de son ordre-de-garde devant Dieu, |
9 |
d'après
la coutume du sacerdoce d'offrir-le-parfum
entrant
vers le temple du Seigneur, |
Puis saint Luc raconte la
naissance de Jésus en relatant le contexte historique de
celle-ci.
IV. - Évangile de Luc 2,1-5
: Naissance de Jésus à
Bethléem
1 |
Or il advint en ces jours-là [que]
parut un édit d'auprès de César Auguste,
que soit recensée toute la
terre-habitée. |
2 |
Ce premier recensement advint
Quirinus étant gouverneur de la
Syrie. |
3 |
Et tous allaient [pour] être
recensés, chacun vers sa ville. |
Les évangélistes Matthieu et
Luc, sont les deux seuls à donner un récit de la conception et de la naissance
de Jésus. Ils ont en commun de situer ces évènements de manière large "aux jours
d'Hérode", (Mt 2,1 ; Lc 1,5) "roi de
Si Matthieu n'offre guère de
repères très précis, se limitant à évoquer le règne d'Hérode, sa mort, et son fils Archelaüs, qui lui
succéda, Luc par contre présente quelques précisions :
1°- Zacharie, le père de Jean le Baptiste,
appartient à la classe ou famille
d'Abiah, et l'annonce faite par l'ange de la naissance miraculeuse d'un fils
a lieu pendant un tour de garde ayant
échu à ladite famille de Zacharie ;
2°- la naissance de Jésus eut
lieu à Bethléem de Judée, où un décret
de recensement – recensement premier – ordonné par César Auguste appelait
Joseph et Marie à s'y rendre ;
3°- ce recensement eut lieu alors que Quirinus était légat ou
gouverneur de Syrie.
L'empereur Auguste ayant régné
de 27 avant J.C. à 14 après J.C., ce "premier" recensement demeurant difficile à
identifier, et les deux mandats de Quirinus aujourd'hui attestés mais demeurant
auréolés d'un certain flou, il reste très aléatoire de parvenir à une datation
précise à partir de ces seules données. C'est pour ces motifs, et bien d'autres
encore, plus ardus les uns que les autres, que depuis près de deux siècles,
diverses hypothèses ont été élaborées, chacune présentant un degré de
plausibilité dans la mesure où les éléments qu'elle défend restent
fragmentaires, sans qu'aucune ne parvienne à unifier toutes les données de la
question.
Depuis longtemps, les
commentateurs se résignent à répéter une de ces hypothèses, sans même ne plus
prendre la peine de justifier encore leur inclination envers l'une des positions
en présence. Quelquefois encore, certains, s’armant de patience et de courage,
reprennent à nouveaux frais les données, cherchent à éliminer les impossibilités
majeures, à tenir compte des moindres détails susceptibles d’aider à démêler
l’écheveau, et tentent, par là, de resserrer au mieux les dates possibles, non
sans affronter au passage d'autres difficultés ou incohérences.
II. Mystère de
Où est le mystère ?
Durant
les tout premiers siècles de notre ère, la vie chrétienne était essentiellement
centrée sur la mort et
Cependant,
dans son livre "
Mais
revenons sur ce qu'entraîne la date de la naissance de
Jésus.
D'abord,
à partir de la date de naissance de Jésus au solstice d'hiver, nous pouvons
présumer logiquement la date de l'Annonciation / Incarnation neuf mois plus tôt,
soit en mars, (le 25 mars selon
Ensuite,
de Lc 1,36, qui nous rapporte qu’au moment de la conception de Jésus, Élisabeth
en est à son 6ème mois, nous pouvons aussi présumer que la naissance
de Jean le Baptiste a lieu 6 mois avant son cousin Jésus, soit en juin (le 24 juin selon
Enfin,
de Lc 1,23, qui laisse entendre que Jean fut conçu "quelques jours" après
la garde de Zacharie, il est permis de présumer logiquement que la conception de
Jean le Baptiste remonte à 9 mois avant juin, donc aux environs de la fin du mois de septembre
précédent, quelques jours après la visite de l'Ange à Zacharie pendant sa semaine de Garde au
Temple de Jérusalem.
C’est
ici qu’intervient un élément nouveau fourni par les documents de
Parmi
ces manuscrits découverts en 1947, un petit nombre de fragments présente des
parties de calendriers synchroniques, festifs, pontificaux ou liturgiques
[6].
Plusieurs d'entre eux donnent des morceaux de chronologie des tours de garde au Temple de Jérusalem.
Selon l’ordre établi par Aaron et repris par David (1Chr 24,7-19), les 24
familles ou classes sacerdotales se relayaient à tour de rôle pour assurer le
service à l'intérieur du Sanctuaire. Comme chaque famille assurait le service
durant une semaine, chacune d’elles servait deux fois par an et, l'année
comptant 52 semaines, quatre
familles entamaient un troisième service à la fin de l’an (solaire). Le fait que
quatre familles servaient une troisième fois l’an et que l'ordre des familles
restait rigoureusement inchangé [7]
provoquait un décalage régulier, non dans l’ordre des familles, mais bien dans
l’époque de l’année où chacune de ces familles remplissait son tour de garde. Il
fallait donc six années pour que
toutes les familles aient rempli le même nombre de gardes. Et comme, à partir de
la fin de la première année, chaque famille se retrouvait avancée de quatre
semaines toutes les 24 semaines, chacune d'elles parcourait tous les mois de
l’année au cours de ce cycle de six ans. De plus, vu la différence d'un jour et
quart entre l'an solaire et l'an Julien, il survenait un décalage de 7
jours
par rapport à
l'équinoxe de printemps à la fin de la 6ème année du cycle des
gardes. Aussi fallait-il normalement créer une semaine de garde supplémentaire
cette année-là (371 jours au lieu de 364 dans le calendrier solaire et 365 jours
dans le calendrier Julien), mais cette semaine, logiquement nécessaire, n'est
pas attestée.
Bien
que fragmentaires, les témoignages livrés par les manuscrits de
Pour
avoir une vue d'ensemble, on pourra consulter le calendrier complet, mis en
concordance avec le tableau des Gardes établi à partir des données des rouleaux
de
En
ce qui concerne la famille Abiah,
qui nous retient spécialement, nous y découvrons qu'elle était de garde au
Temple deux fois l'an, et trois fois uniquement la troisième année (les
2ème, 26ème et
50ème semaines), comme nous le voyons dans le petit tableau
ci-dessous :
Tableau du cycle des six ans des gardes au
Temple ( cal. solaire )
Cycles
de 6 ans |
an
I/VI |
an
II/VI |
an III/VI |
an
IV/VI |
an
V/VI |
an
VI/VI |
Xe
semaine sur 52 semaines solaires (1ère
garde) |
10e |
6e |
2e |
22e |
18e |
14e |
(2ème
garde) |
34e
|
30e |
26e =fin
septembre Zacharie |
46e |
42e |
38e |
(3ème
garde occasionnelle) |
|
|
50e |
|
|
|
Si
l’on respecte les déductions de dates considérées à partir du texte de Luc, la garde de Zacharie, qui appartient à
la classe d'Abiah, ne peut se situer
qu'en une année III du cycle de VI
ans des Gardes Sacerdotales au
Temple pour se retrouver précisément
fin septembre, (la dernière semaine
complète de septembre), soit la 26ème semaine du calendrier
solaire.
Un
des fragments de Qumran, le document
4Q328
[9], rend
compte du service pontifical selon les années et les saisons (ou
trimestres). Nous y lisons en ligne 4 : "[Pour la troisième année, Miya]min, Petahia,
Abi[ah et Yakhin]". La famille Abiah
était donc en tête (chef) du troisième trimestre de
Un autre
fragment de Qumran, le document 4Q321
fr.1, col.1, [10] fournit
plusieurs indications
en ce qui
concerne explicitement la première année
du cycle des Gardes
pour les
mois 7 à 12.( cal. Solaire )
Voici le
texte, fin de la ligne 1 et début de la ligne 2 : "La pleine lune (selon Martin Abegg) tombe le deuxième jour (lundi) du service de Abia[h, le] vingt-[cinquième jour du huitième mois
(solaire), et le duqah [11] ] [tombe le troisième jour (mardi) du service de Miyamin, le douze] du (même) mois" (soit 13 jours avant cette Pleine Lune).
Or,
nous
sommes en mesure d'affirmer que ces données correspondent très exactement au lundi 17 novembre de l'an
757
de
Rome dans le
calendrier Julien.
Pourquoi
cette certitude ?
D'abord
parce que, sachant que la pleine lune apparaît, de visu, deux nuits d'affilée.
Une pleine lune s'est présentée la nuit du samedi 15 au dimanche 16 et la nuit
du dimanche 16 au lundi 17 novembre de l'an + 4 de JC, selon les phases très
précises de la lune renseignées par la Nasa[12].
Mais
surtout parce que, à parcourir minutieusement toutes les années qui s'étalent de
63
avant JC (709 de
Rome / 3716 des Hébreux ) jusqu'à 70 après JC (823 de Rome / 3830 des
Hébreux), toutes
ces indications réunies en une même année ne se rencontrent qu'une seule et unique
fois, à
savoir en cette année 757 de la
fondation de Rome ou année 4 de Jésus-Christ.
Le service d'Abiah
dont il est ici question se fit du
shabbat 23e jour jusqu'au
shabbat 30e jour du 8e mois solaire, autrement
dit du samedi 15 au samedi 22 novembre du calendrier Julien, le 25e
jour du 8e mois solaire
correspondant avec précision au lundi 17 novembre, en n'oubliant pas que
dans le Judaïsme, le jour commence la veille au soir à 18 heures. Pour une vue d'ensemble, nous
renvoyons ici à notre Tableau
synoptique (partiel) et au Calendrier
Solaire de l'an + 4 de JC
selon les manuscrits de
Ainsi renseigné de solide façon sur
le fait que l'année + 4 de JC fut
bien une année I du cycle de VI ans des Gardes [13], nous pouvons dresser le tableau
suivant :
Historien |
an 3 av
JC |
an 2 av
JC |
an 1 av
JC |
an 1 de
JC |
an 2 de
JC |
an 3 de
JC |
an 4 de
JC |
Astronome [14] |
–
2 |
–
1 |
0 |
+
1 |
+
2 |
+
3 |
+
4 |
An de
Garde |
I |
II |
III |
IV |
V |
VI |
I |
Année de
Rome |
751 |
752 |
753 |
754 |
755 |
756 |
757 |
des
Hébreux |
3758/59 |
3759/60 |
3760/61 |
3761/62 |
3762/63 |
3763/64 |
3764/65 |
Dans ce tableau, en remontant
depuis l'an 4 de JC., nous
découvrons que l'an 1 avant JC
correspond à une année III du cycle
des Gardes, ce qui signifie qu'une garde de la famille Abiah y a bien eu lieu la 26ème semaine de cette
année-là, soit très exactement du
samedi 18 septembre au samedi 25 septembre du calendrier Julien, ou de l'année 753 de Rome, ou encore au tout début 3761 des Hébreux, l'année du
calendrier hébreu commençant le
1er jour de Tichri (lundi 30 août de l'an 1 av. JC). Cette semaine
julienne concorde avec la
semaine des Hébreux qui débutait, cette année-là, le jour du Shabbat,
28ème jour du 6ème mois solaire, et se terminait le
Shabbat suivant, le 4ème jour du 7ème mois
solaire.
Suite à la vision de
Zacharie pendant la 26ème semaine de l’an solaire,
Jean-Baptiste fut conçu fin septembre de l'an 1 avant
JC (conception fêtée
le 23 septembre dans l'Église
orthodoxe) ; il est donc né logiquement à la fin juin de l'an 1 de JC (754 de Rome / 3761/62 des Hébreux).
Ces deux chiffres d'années
hébraïques s'expliquent par le changement d'année aux environs de septembre
julien
Si nous
savons donc :
1°-
que l'année de garde de Zacharie et donc de la conception de Jean est
toujours une année III sur VI du cycle des Gardes,
2°-
que l'année de la naissance de Zacharie et de la naissance du Christ, -
tous deux nés la même année -, est donc nécessairement une année
IV du cycle de VI, et
3°- qu'une telle année IV/VI ne
tombe qu'en l'an 1 de JC. (754 de Rome) ou qu'en l'an 6 avant JC. (soit – 5
des astronomes, aussi an IV/VI ),
alors,
reporter éventuellement à l'an 7 voire même 8 avant JC. la naissance de Jésus,
tout autant que la placer en l'an 5, 4, 3, 2 ou 1 avant l'ère devient
insoutenable.
Deux
dates restent donc possibles pour la naissance de Jésus : soit 1 de l'ère
chrétienne, soit 6 avant l'ère chrétienne, ou en langage d'astronome, +1
ou – 5.
La
scrupuleuse et légendaire rigueur des Juifs en matière de service liturgique,
service au sujet duquel les Manuscrits de
Il nous
faut, ici, scruter à nouveau les données bibliques.
Au début
du chapitre 3, v. 1 à 3, de son évangile, Luc dit ceci à propos de Jean :
1 |
Or en l'an 15 du gouvernement de
Tibère César, Ponce Pilate
étant-gouverneur de et
Hérode tétrarque de or
Philippe son frère tétrarque des territoires de l'Iturée et de
Trachonitide, et
Lysanias tétrarque de l'Abilène, |
2 |
sous
(le) pontificat d'Anne et Caïphe, une parole de Dieu advint sur
Jean le fils de Zacharie dans
le désert. |
3 |
Et
il vint vers toute [la] région-environnante du
Jourdain proclamant
un baptême de repentir pour une rémission des
péchés. |
Et un
peu plus loin, au v. 23, Luc continue à propos de Jésus :
23 |
Et
Jésus lui-même était (en) commençant à-peu-près de trente
ans |
La
question tourne ici autour d'un seul petit mot grec : " æse…
"
(ôsei),
qui signifie devant un nom de nombre : "à peu près, environ". Ayant six mois de
plus que Jésus, Jean a donc lui aussi aux alentours de trente ans
lorsqu'il entame son ministère prophétique. Et Luc signale que l'empereur Tibère
qui a succédé à l'empereur Auguste, est dans son année 15 de règne (an 15 et 8
mois, c'est-à-dire sa 16ème année de règne). Or Tibère a succédé à
Auguste le 19 août de l'an 14 après JC., et a été intronisé solennellement en
fin septembre de la même année, après les semaines de deuil
Le 19
septembre correspond au décompte des années du règne de Tibère mort le 17 des
calendes d'avril en an 37 de JC selon Suétone –( le 16 mars
37 JC -).
Ici
trois calculs sont possibles : 1°- soit que l'on compte les années de règne par
les années civiles entamées (usage romain) ; 2°- soit que l'on compte les années
de règne à partir de la date d'intronisation ; 3°- soit que l'on ne compte que
les années civiles complètes, les derniers mois de la première n'étant pas
comptabilisés.
Dans le
premier cas, nous comptons à partir de l'an 14, - de janvier à décembre -, pour
arriver à une 15e année de règne qui s'étend de janvier à décembre
28. Dans le second cas, nous comptons d'août en août (ou d'octobre en octobre),
pour arriver à une 15e année de règne qui s'étend d'août 28 à août 29
(ou d'octobre 28 à octobre 29). Dans le troisième cas, nous comptons seulement
la première année de règne à partir de l'année 15, et nous aboutissons à l'an 29
(de janvier à décembre) comme 15ème année de règne.
Dans la
1ère hypothèse (an 28), Jean né en 1 de JC. a 27 ans en juin 28 et
entre dans sa 28ème année ; dans les 2ème et
3ème hypothèses, il a 28 ans en juin 29 et entre alors dans sa
29ème année, ce que Jésus fera fin décembre de l'an 29.
Si l'on
tient compte des paroles exactes de Luc, qui rapporte d'abord que c'est
Dans
toutes les autres éventualités imaginées, nous infligeons au texte de Luc des
distorsions arbitraires considérables et injustifiables.
Quant à
se référer aux dates émises par Flavius Josèphe, qui pratiquement est le seul à
parler de toute une série d'évènements ou de personnages cités par l'évangile de
Luc, nous voulons attirer l'attention sur plusieurs points. D'abord sur le fait
que beaucoup reconnaissent à Flavius Josèphe des harmonisations, compilations et
remaniements forcés. Ensuite qu'il fournit souvent, d'un écrit à l'autre, une
double chronologie, parfois fluctuante, parfois même carrément contradictoire,
des mêmes évènements mentionnés, ce qui rend difficile la recherche de précision
à partir de ses propres indications. Sa chronologie présente des difficultés pas
nécessairement insolubles mais délicates.
A la lumière des documents de
1 |
Puisque beaucoup entreprirent de composer un exposé au sujet
des faits qui
ont-été-pleinement-accomplis parmi nous, |
2 |
selon ce que nous transmirent
ceux-qui depuis le
commencement sont-advenus témoins-oculaires
et serviteurs de la Parole, |
3 |
il me sembla bon à
moi-aussi ayant-suivi-attentivement
depuis-l'origine tout
avec-précision de t'écrire de façon-ordonnée illustre
Théophile |
4 |
afin que tu
reconnaisses en ce qui concerne les paroles
dont tu fus instruit, la
solidité. |
Luc souligne clairement la
minutie de l'enquête qu'il a voulu mener personnellement avant de relater les
évènements, et cela dans le but avoué d'affermir la foi de son lecteur. Là où
Luc propose du solide, pourquoi se plaire à l'affaiblir ? Car cette minutie est
fondée.
Il n'est pas originaire de Palestine, mais d'Antioche de Syrie, et rien
ne laisse entendre qu'il était Juif. Il est donc étonnant que ce soit
précisément lui, plutôt que Matthieu, qui relate le trait relatif à la garde de
la famille sacerdotale d'Abiah. Eloigné qu'il est de Jérusalem, Luc ne peut
fournir un tel détail "technique" qu'avec l'aide d'une solide source de
renseignement juive, si ce n'est même d'une personne contemporaine des
évènements rapportés. Car relater une garde d'une semaine d'une famille
sacerdotale précise, garde qui s'est déroulée à Jérusalem et au moins 40 ans
plus tôt, ne se fait pas par hasard.
Au vu de tout ce qui précède,
reporter éventuellement à l'an 6
av. JC. la naissance de Jésus, sous prétexte que cet an 6 était aussi une année
IV du cycle des Gardes, s'avère incompatible avec le maintien de l'an 15 de
Tibère, l'âge de Jésus passant alors de 30 à 36 ans à
l'aube
de son ministère public.
Si la 15e année du principat de Tibère va du 19 septembre
28 JC (après le mois de deuil de
Auguste mort le 19 août 14 JC) au 19 septembre (ou octobre) 29 et si Jésus avait
été crucifié en mars 29 comme certains le soutiennent, il aurait à peine eu le
temps d'entamer son ministère qu'il aurait été aussitôt crucifié, ce qui est
aberrant. En juin 30 JC, Tibère
régnait depuis 15 ans et 9 mois ( Confirmé par Flavius
Josèphe ( Ant.Jud. livre 18
chap 6-10) : Tibère règne
22 ans 5
mois 3 jours )
Et si Jésus était né en l'an 6 avant JC. (- 5), et crucifié
en 34, il aurait alors eu 40 ans, ce qui est tout aussi invraisemblable, car en
totale contradiction et avec les données évangéliques et avec
Conclusion
Jésus
est bien né le 25 décembre en l'An I de l'Ère
[15],
et il est même permis de préciser que ce 25 décembre
était un dimanche. [16] Telle est l'année établie par Denys Minor, canoniste et computiste originaire de
Il
resterait à se pencher sur les dates de naissance, d'accession au trône et de
mort d’Hérode le Grand ; mais celles-ci soulèvent trop de questions que pour
être traitées dans le cadre de cet article. Certains détails donnés par Flavius
Josèphe à ce sujet demandent cependant qu'on leur accorde une attention
particulière, ce que nous ferons dans un complément à venir. De même, la
chronologie de Quirinus soulève bien des questions sur lesquelles nous
reviendrons. Quant à la date de la crucifixion, elle fera, elle aussi, l'objet
d'un travail ultérieur.
Par
ailleurs, les archéologues n'ont pas encore pu boucler leurs derniers rapports
en ce qui concerne la forteresse Hérodion, qui est aussi le tombeau d'Hérode,
puisque la quatrième tour est toujours en attente d'être fouillée. Il paraît
donc prématuré de se baser sur des interprétations de textes de Flavius Josèphe
qui gardent des contradictions non résolues pour faire planer le doute et jeter
a priori le discrédit sur les travaux de Denys Minor et sur les renseignements
que livrent les Manuscrits de
La
légende veux que Denys Minor se nomme lui-même Denys le Petit par rapport à un
autre Denys célèbre. Ce Denys le Petit, moine, très érudit, très minutieux et
très consulté par les Papes et les scientifiques s'appelle Denys Minor en
souvenir de sa province native en Roumanie nommée Scythie
Minor.
Le
père de l'auteur de ces lignes est aussi originaire de Roumanie
(Barlad).
Mésestimer
les écrits de Denys Minor ne fut-ce que par répétitions inconscientes et surtout
non contrôlées est peu élégant et non justifié.
En
cette année 2005 de l'An de l'Incarnation et de
Henriette
Marquebreucq-Horovitz
Waterloo, le 4 novembre 2005
Annexes
Annexe 1 :
Extrait
du Bulletin : "Terra Sancta", nov-déc. 1999
(sous la direction des Pères Franciscains en Terre
Sainte)
"Jusqu'à
présent on a cru que la date du 25 décembre était une christianisation des
saturnales romaines qui célébraient la renaissance du soleil "toujours
vainqueur".
Et
voici qu'une nouvelle découverte jette un peu de lumière sur la date de la
naissance de Jésus. Le savant israélien
Voilà
qui donne une valeur historique au choix du 25 décembre pour la fête de
Noël."
[1] La traduction des textes des évangiles est toujours
refaite littéralement sur le grec.
[2] En 440 et
pour la toute première fois, le pape Sixte III célèbre une messe de Noël à
minuit. Et c’est sous Charlemagne que fut instaurée la célébration des trois
messes, de la Nuit, de l’Aurore et du Jour de Noël.
[3] Bayet,
Jean, La Religion Romaine, éd.
Payot, 1976, pp. 226 à 229.
[4] Une petite explicitation doit être donnée
ici à propos du décalage des solstices et équinoxes. L'introduction intempestive
d'années bissextiles a provoqué le décalage des solstices et des équinoxes, les
faisant passer du 25 du mois sous Jules César, au 21 du mois, la chose ayant été
constatée en mars 325 par les astronomes et actée la même année par les Pères du
Ier Concile de Nicée. Cette équinoxe du 21 mars a été maintenue
jusqu'à ce jour pour le calcul de la fête de Pâques.
[5] L'article
relatant la "découverte" de ce professeur est paru dans le Bulletin des Pères
Franciscains, "Terre Sainte", nov./ déc. 1999. Nous en reproduisons un extrait
en annexe.
[6] Michael Wise, Martin Abegg, Jr., Edward Cook, Les
Manuscrits de la Mer Morte, Plon, 2001 ; repris en collection de poche Tempus,
n° 45, éd. Perrin, 2003. Précisons
que les calendriers synchroniques donnent les correspondances précises entre les
mois de l'année luni-solaire (354 jours) et les mois de l'année solaire (364
jours) et sont, comme tous les autres, des calendriers d'archives et non
prévisionnels.
[7] Le seul changement
par rapport à l’ordre donné en I
Chroniques, concerne la famille Gamoul qui a été
rétrogradée au profit de la
famille Delaja, à l'époque, semble-t-il de
Hyrcan. Chaque famille comptait environ 200 à 300 membres et l'on tirait
au sort ceux qui devaient prester la semaine échue à la
famille.
[8]
http://www.theol.rug.nl/~tigchelr/priesterdiensten.htm : avec les colonnes week
[semaine], dag [jour] qui se réfère au mois solaire et non julien ou
grégorien, et jaar [année].
[9] Cfr Wise,
4Q328, p.402.
[10] Cfr
Wise
4Q321, fragment I, col. I, p.
390-391.
[11] Cfr Wise, p.
374-375. Ce terme "duqah" embarrasse les chercheurs selon lesquels il ne peut que
signifier "1er croissant" (parler de 1er quartier est
astronomiquement incorrecte) ou "nouvelle lune". Mais l'étude minutieuse de ce
document, avec les lunaisons de la NASA, la liste des gardes et le calendrier
solaire, indiquerait plutôt qu'il s'agit d'un lendemain de néoménie, lendemain
de l'observation du 1er croissant (et non 1er quartier),
et 1er jour ouvrable du mois lunaire. La racine = soit "observer",
soit "se briser", soit "dévoilement" ou bénédiction du Rosh Hodesh (tête ou
premier jour du nouveau mois lunaire).
[12] Cfr Espenak F.,
Moon Phases from -1999 to
+3000 ; http://sunearth.gsfc.nasa.gov/eclipse/phase/phasecat.
html ; et nombreux autres sites sur le sujet.
[13]
Bien que tardif, un ancien document
rabbinique affirme que l'an 70 après JC était une année I sur VI au
moment de l'incendie du Temple de Jérusalem avec la garde de Jojarib (retrouver cette référence) ; ce document vient à son tour corroborer le fait
que l'an 4 après JC, 66 ans soit 11 cycles plus tôt, était bien lui
aussi une année I sur VI,
et donc que l'an I avant JC était
bien une année III sur VI, indispensable pour trouver une garde d'Abiah vers l'équinoxe d'automne.
[14] Pour des nécessités purement mathématiques, les
astronomes se voient contraints d'introduire dans leurs calculs une année zéro ;
il faut donc toujours rester vigilant pour savoir de quelle année exacte il est
parlé, puisque l'an 0 des astronomes correspond à l'an 1 avant JC, l'an – 1 à
l'an 2 avant JC et ainsi de suite.
[15] Soit un
lendemain de Shabbat comme plus tard pour sa Résurrection.
[16]
La naissance de Jésus a donc
lieu au solstice d'hiver, celle de Jean au solstice
d'été.
[17]
Venu vers l'an 500 à Rome, peut-être déjà à la
demande du pape Gélase Ier (492-496), Denys Minor publia d'abord des
canons grecs et latins. Puis, sous le pape saint Symmaque (498-514), il
rassembla des décrétales pontificales. Enfin, à la demande du pape Hormisdas
(514-523), il réalisa une édition gréco-latine des canons synodaux de l'Église
grecque dont il ne reste que la préface. Invité par le Pape Jean Ier
(523-526) à
travailler sur la chronologie de Pâques, Denys publia ses deux lettres
De ratione paschæ, son Cyclus decemnovennalis, et ses Argumenta
paschalia, où il insistait sur l'adoption du cycle pascal alexandrin de
dix-neuf ans, et continuait les tables pascales de saint Cyrille pour une durée
de 95 ans à partir de l'an 525 ; c'est dans ce travail que, rompant avec
l'ère
de Dioclétien ou des martyrs (29 août 284), il compte pour la première
fois les années à partir de la naissance de Jésus-Christ, qu'il fixait en l'an
754, de Rome. (D'après DTC, IV, 448-449.) On lira aussi les lignes que son ami
Cassiodore lui a consacrées dans ses "Institutiones", l. I, 23, PL, t LXX, col
1137.