Mise à jour le 27/11/2007 18h20.

 

 

 

Au  sujet  de  la date

 

de

 

la  naissance  de  Jésus

 

 

 

Henriette Marquebreucq-Horovitz.

 

 

 

Introduction 

 

 

Depuis plus de 150 ans de recherches exégétiques et historiques, diverses dates ont été avancées pour préciser le moment de la naissance de Jésus. Ces recherches s’évertuent quasiment toutes à corriger les données transmises par la Tradition de l’Église et par un certain nombre d'historiens anciens. Devant les divergences de ces propositions, le sempiternel refrain que de toute manière la chose serait irrémédiablement vouée à l’imprécision, que nous sommes condamnés à nous contenter d’hypothèses plus ou moins approximatives offrant paradoxalement chacune des éléments de vraisemblance, et qu’il est affirmé comme plus ou moins définitivement acquis que Jésus ne peut en aucun cas être né l’année calculée par Denys Minor au sixième siècle, établie comme point de départ officiel de l’ère chrétienne et devenue, petit à petit la référence universelle de datation, nous nous sommes mise en quête de chercher, de rassembler et de confronter toute une série d'éléments susceptibles d'apporter quelque lumière dans cette question réputée ardue, sinon obscure.

 

Nous voulons livrer aujourd’hui le fruit de trente-cinq ans de longues et patientes recherches. Certes, nous ne prétendons pas résoudre toutes les questions qui se posent et dont certaines seront évoquées, mais nous pensons que certains éléments nouveaux viennent jeter une lumière non négligeable sur la question de cette datation de la naissance de Jésus. Nous proposons donc de partir avant tout des textes bibliques qui donnent quelques renseignements historiques, puis de présenter les éléments nouveaux qui apportent, à nos yeux, des précisions permettant d'approcher sinon de cerner la date de la naissance de Jésus. Comme il est impossible de traiter tous ces éléments à la fois, nous les amènerons progressivement en fournissant une introduction minimum à chacun de ceux-ci afin d'en faciliter la compréhension.

 

 

 

 


I.         Données bibliques

 

 

Seuls deux des quatre évangélistes, Matthieu et Luc, présentent un récit d’évènements relatifs à la naissance de Jésus.

 

Après avoir donné une généalogie humano-spirituelle de Jésus (1,1-17), l'évangéliste Matthieu raconte sans aucune précision chronologique la visitation de l'ange Gabriel à Joseph (1,18-25). Puis, au deuxième chapitre, il dit laconiquement, en un demi-verset, que Jésus est né à Bethléem de Judée, aux jours du roi Hérode.

 

 

I. – Matthieu 2,1 : La naissance de Jésus à Bethléem

 

1

Or Jésus étant né en Bethléem

de la Judée,

dans les jours d'Hérode le roi,

voici des mages d'Orient

arrivèrent vers Jérusalem [1]

 

 

Suit alors l'épisode bien connu de la visite des mages venus d'orient (2,1-12), suivi de la fuite de la sainte famille en Égypte (2,13-15), du massacre des innocents de Bethléhem (2,16-18) et enfin du retour d’Égypte :

 

 

 

II. - Matthieu 2,19-23 : Le retour d'Égypte

 

19

Or Hérode ayant-terminé-sa-vie,

voici un ange du Seigneur apparut en songe

à Joseph en Égypte,

20

disant : t'étant levé,

prends le petit-enfant et sa mère,

et va vers [la] terre d'Israël,

car ils sont morts

ceux qui voulaient l'âme du petit-enfant.

21

Or lui s'étant levé,

il prit le petit-enfant et sa mère,

et il alla vers la terre d'Israël.

22

Or ayant entendu

qu'Archélaüs régnait (sur) la Judée

à la place de son père Hérode,

il craignit de s'y rendre ;

or divinement averti par songe,

il se retira vers le territoire de la Galilée,

23

et venant

il demeura vers une ville dite Nazareth,

afin que fût rempli ce qui avait été annoncé par les prophètes :

qu'il sera appelé Nazaréen.

 

 

Ici Matthieu fait allusion à la mort d'Hérode et à son successeur Archélaüs sans autre précision de date. 

 

L’évangéliste Luc parle quant à lui de certains évènements ayant précédé la naissance de Jésus et en rapport avec celle-ci.

 

 

 

III. - Évangile de Luc 1,5-80 : Conception, naissance et circoncision de Jean le Baptiste

 

De ce long récit nous retiendrons les versets 5, et 8-9.

 

5

Il advint dans les jours d'Hérode,

roi de la Judée,

un certain prêtre

du nom de Zacharie,

de l'ordre-de-garde d'Abiah ;

et sa femme [était] d'entre les filles d'Aaron,

et le nom d'elle [était] Élisabeth.

8

Or il advint

dans l'accomplissement-de-sa-fonction-sacerdotale

dans le tour de son ordre-de-garde devant Dieu,

9

d'après la coutume du sacerdoce

d'offrir-le-parfum

entrant vers le temple du Seigneur,

 

Puis saint Luc raconte la naissance de Jésus en relatant le contexte historique de celle-ci.

 

 

 


IV. - Évangile de Luc 2,1-5 : Naissance de Jésus à Bethléem

 

 

1

Or il advint en ces jours-là [que]

parut un édit d'auprès de César Auguste,

que soit recensée toute la terre-habitée.

2

Ce premier recensement advint

Quirinus étant gouverneur de la Syrie.

3

Et tous allaient [pour] être recensés,

chacun vers sa ville.

 

 

 

Les évangélistes Matthieu et Luc, sont les deux seuls à donner un récit de la conception et de la naissance de Jésus. Ils ont en commun de situer ces évènements de manière large "aux jours d'Hérode", (Mt 2,1 ; Lc 1,5) "roi de la Judée" (Lc 1,5). Luc ajoute encore que la naissance de Jésus eut lieu sous le pontificat de César Auguste. Matthieu ne fait aucune allusion à la naissance de Jean le Baptiste, alors que Luc, par contre, imbrique étroitement les récits de la conception et de la naissance de Jean le Baptiste avec celle de Jésus, et cela en 80 versets.

 

Si Matthieu n'offre guère de repères très précis, se limitant à évoquer le règne d'Hérode, sa mort, et son fils Archelaüs, qui lui succéda, Luc par contre présente quelques précisions :

1°- Zacharie, le père de Jean le Baptiste, appartient à la classe ou famille d'Abiah, et l'annonce faite par l'ange de la naissance miraculeuse d'un fils a lieu pendant un tour de garde ayant échu à ladite famille de Zacharie ;

2°- la naissance de Jésus eut lieu à Bethléem de Judée, où un décret de recensement – recensement premier – ordonné par César Auguste appelait Joseph et Marie à s'y rendre ;

3°- ce recensement eut lieu alors que Quirinus était légat ou gouverneur de Syrie.

 

L'empereur Auguste ayant régné de 27 avant J.C. à 14 après J.C., ce "premier" recensement demeurant difficile à identifier, et les deux mandats de Quirinus aujourd'hui attestés mais demeurant auréolés d'un certain flou, il reste très aléatoire de parvenir à une datation précise à partir de ces seules données. C'est pour ces motifs, et bien d'autres encore, plus ardus les uns que les autres, que depuis près de deux siècles, diverses hypothèses ont été élaborées, chacune présentant un degré de plausibilité dans la mesure où les éléments qu'elle défend restent fragmentaires, sans qu'aucune ne parvienne à unifier toutes les données de la question.

 

 

 

Depuis longtemps, les commentateurs se résignent à répéter une de ces hypothèses, sans même ne plus prendre la peine de justifier encore leur inclination envers l'une des positions en présence. Quelquefois encore, certains, s’armant de patience et de courage, reprennent à nouveaux frais les données, cherchent à éliminer les impossibilités majeures, à tenir compte des moindres détails susceptibles d’aider à démêler l’écheveau, et tentent, par là, de resserrer au mieux les dates possibles, non sans affronter au passage d'autres difficultés ou incohérences.

 


II.       Mystère de la date de la naissance de Jésus

 

 

Où est le mystère ?

 

Durant les tout premiers siècles de notre ère, la vie chrétienne était essentiellement centrée sur la mort et la Résurrection de Jésus-Christ, et la fête de Pâques marquait le centre et le sommet de l’année liturgique. Sans doute peut-on penser que Marie, entourée de l'Eglise primitive, célébrait avec ferveur tous les anniversaires qui faisaient partie de la vie courante de toute famille juive, et donc particulièrement l’anniversaire de la naissance de Jésus (Yom Mazlat) et l’anniversaire de sa mort (Yom Hesguer). Mais pendant plus de trois siècles et à cause des persécutions, l'Église célébra ses fêtes dans la plus grande discrétion. Il n’est donc pas étonnant qu’il faille attendre l’Édit de Milan de l’empereur Constantin, en 313 de JC, pour que, avec l’avènement d’une première période de tolérance, nous trouvions les premières traces de la fête de Noël célébrée au VIII des calendes de janvier, au solstice du 25 décembre. En commémoration de la nativité du Christ, la fête de Noël sera reconnue officiellement comme début de l’année liturgique vers 336. Puis le jour de la fête se développera en Occident sous le pontificat de saint Léon le Grand, avant de prendre une place de plus en plus grande durant le Moyen-Âge.[2]

 

Cependant, dans son livre "La Religion Romaine"[3], Jean Bayet rapporte que les empereurs Aurélien, en 274 de JC, et Julien "l’Apostat", en 362 de JC, ont solennisé et fixé la très ancienne fête iranienne du "Soleil Invaincu" à la date du solstice d'hiver ou 25 décembre de cette année-là[4], c'est-à-dire le VIII des Calendes de Janvier. Julien imposa cette fête païenne à ses sujets dans l'intention de traquer les chrétiens qui célébraient la veillée de Noël ce même jour. Certes, la fête de la Nativité, à l'époque de l'empereur Julien, était déjà célébrée ouvertement, depuis que la religion chrétienne, d'abord appréciée par Constantin (312), fut ensuite tolérée officiellement par l'Édit de Milan (313), avant que Constantin lui-même se fasse baptiser en 337, le dimanche 22 mai, sur son lit de mort. Mais le cas de l'empereur Aurélien révèle qu'à une époque antérieure où la foi chrétienne ne jouissait encore d'aucune reconnaissance officielle dans l'empire, la fête de la Nativité était déjà célébrée par les chrétiens en date du 25 décembre, et que cette date était connue par l'empereur en personne, ce dont témoigne sa volonté de démasquer et de piéger les chrétiens. Dans les deux cas, il s'ensuivit, sur ordre de ces empereurs, une cruelle répression aux contrevenants du culte réclamé aux dieux romains. Par ailleurs, ces deux faits manifestent que ce n'est pas l'Église qui a unilatéralement tenté de "coiffer" les fêtes païennes, comme on a pris l'habitude de le répéter à l'envi. Que le Fils de Dieu ait choisi de naître au solstice d'hiver n'est pas le résultat d'une décision d'Église prise a posteriori.

 

Mais revenons sur ce qu'entraîne la date de la naissance de Jésus.

 

D'abord, à partir de la date de naissance de Jésus au solstice d'hiver, nous pouvons présumer logiquement la date de l'Annonciation / Incarnation neuf mois plus tôt, soit en mars, (le 25 mars selon la Tradition de l'Église).

Ensuite, de Lc 1,36, qui nous rapporte qu’au moment de la conception de Jésus, Élisabeth en est à son 6ème mois, nous pouvons aussi présumer que la naissance de Jean le Baptiste a lieu 6 mois avant son cousin Jésus, soit en juin (le 24 juin selon la Tradition).

Enfin, de Lc 1,23, qui laisse entendre que Jean fut conçu "quelques jours" après la garde de Zacharie, il est permis de présumer logiquement que la conception de Jean le Baptiste remonte à 9 mois avant juin, donc aux environs de la fin du mois de septembre précédent, quelques jours après la visite de l'Ange à Zacharie pendant sa semaine de Garde au Temple de Jérusalem.

 

C’est ici qu’intervient un élément nouveau fourni par les documents de la Mer Morte, élément qui vient éclairer la date de naissance du Christ. En effet, la période du mois de décembre pour la naissance de Jésus a été soutenue récemment par le professeur Talmon Shemaryahou, savant Israélien de Jérusalem, qui a déduit cette date de son étude approfondie des Calendriers trouvés parmi les Manuscrits de la Mer Morte, manuscrits appelés encore Documents de Qumran[5] Nous nous sommes alors penchée très attentivement sur ces documents de la Mer Morte.

 

Parmi ces manuscrits découverts en 1947, un petit nombre de fragments présente des parties de calendriers synchroniques, festifs, pontificaux ou liturgiques [6]. Plusieurs d'entre eux donnent des morceaux de chronologie des tours de garde au Temple de Jérusalem. Selon l’ordre établi par Aaron et repris par David (1Chr 24,7-19), les 24 familles ou classes sacerdotales se relayaient à tour de rôle pour assurer le service à l'intérieur du Sanctuaire. Comme chaque famille assurait le service durant une semaine, chacune d’elles servait deux fois par an et, l'année comptant 52 semaines, quatre familles entamaient un troisième service à la fin de l’an (solaire). Le fait que quatre familles servaient une troisième fois l’an et que l'ordre des familles restait rigoureusement inchangé [7] provoquait un décalage régulier, non dans l’ordre des familles, mais bien dans l’époque de l’année où chacune de ces familles remplissait son tour de garde. Il fallait donc six années pour que toutes les familles aient rempli le même nombre de gardes. Et comme, à partir de la fin de la première année, chaque famille se retrouvait avancée de quatre semaines toutes les 24 semaines, chacune d'elles parcourait tous les mois de l’année au cours de ce cycle de six ans. De plus, vu la différence d'un jour et quart entre l'an solaire et l'an Julien, il survenait un décalage de 7 jours par rapport à l'équinoxe de printemps à la fin de la 6ème année du cycle des gardes. Aussi fallait-il normalement créer une semaine de garde supplémentaire cette année-là (371 jours au lieu de 364 dans le calendrier solaire et 365 jours dans le calendrier Julien), mais cette semaine, logiquement nécessaire, n'est pas attestée.

 

Bien que fragmentaires, les témoignages livrés par les manuscrits de la Mer Morte présentent des renseignements plus précieux qu'il n'y paraît à première vue.

 

Pour avoir une vue d'ensemble, on pourra consulter le calendrier complet, mis en concordance avec le tableau des Gardes établi à partir des données des rouleaux de la Mer Morte, sur le site néerlandais indiqué en note ci-dessous [8].

 

En ce qui concerne la famille Abiah, qui nous retient spécialement, nous y découvrons qu'elle était de garde au Temple deux fois l'an, et trois fois uniquement la troisième année (les 2ème, 26ème et 50ème semaines), comme nous le voyons dans le petit tableau ci-dessous :

 

 

Tableau du cycle des six ans des gardes au Temple ( cal. solaire )

 

Cycles de 6 ans

an I/VI

an II/VI

an III/VI

an IV/VI

an V/VI

an VI/VI

Xe semaine sur 52 semaines solaires

(1ère garde)

 

10e

 

6e

2e

22e

18e

14e

(2ème garde)

34e

30e

26e

=fin septembre

Zacharie

46e

42e

38e

(3ème garde occasionnelle)

 

 

50e

 

 

 

 

 

 

Si l’on respecte les déductions de dates considérées à partir du texte de Luc, la garde de Zacharie, qui appartient à la classe d'Abiah, ne peut se situer qu'en une année III du cycle de VI ans des Gardes Sacerdotales au Temple pour se retrouver précisément fin septembre, (la dernière semaine complète de septembre), soit la 26ème semaine du calendrier solaire.

 

Un des fragments de Qumran, le document 4Q328 [9], rend compte du service pontifical selon les années et les saisons (ou trimestres). Nous y lisons en ligne 4 : "[Pour la troisième année, Miya]min, Petahia, Abi[ah et Yakhin]". La famille Abiah était donc en tête (chef) du troisième trimestre de la IIIème année du cycle de VI ans. Ce document vient confirmer que la garde du cycle de VI ans échoit bien quelques jours avant  la fin du mois de septembre de l'année III à la famille Abiah.

 

Un autre fragment de Qumran, le document 4Q321 fr.1, col.1, [10] fournit plusieurs indications en ce qui concerne explicitement la première année du cycle des Gardes pour les mois 7 à 12.( cal. Solaire )

 

Voici le texte, fin de la ligne 1 et début de la ligne 2 : "La pleine lune (selon Martin Abegg)  tombe le deuxième jour (lundi) du service de Abia[h, le] vingt-[cinquième jour du huitième mois (solaire), et le duqah [11] ] [tombe le troisième jour (mardi) du service de Miyamin, le douze] du (même) mois" (soit 13 jours avant cette Pleine  Lune).

 

 

 

 

Or, nous sommes en mesure d'affirmer que ces données correspondent très exactement au lundi 17 novembre de l'an 757 de Rome dans le calendrier Julien. Pourquoi cette certitude ?

D'abord parce que, sachant que la pleine lune apparaît, de visu, deux nuits d'affilée. Une pleine lune s'est présentée la nuit du samedi 15 au dimanche 16 et la nuit du dimanche 16 au lundi 17 novembre de l'an + 4 de JC, selon les phases très précises de la lune renseignées par la Nasa[12].

Mais surtout parce que, à parcourir minutieusement toutes les années qui s'étalent de 63 avant JC (709 de Rome / 3716 des Hébreux ) jusqu'à 70 après JC (823 de Rome / 3830 des Hébreux), toutes ces indications réunies en une même année ne se rencontrent qu'une seule et unique fois, à savoir en cette année 757 de la fondation de Rome ou année 4 de Jésus-Christ.

 

Le service d'Abiah dont il est ici question se fit du shabbat 23e jour jusqu'au shabbat 30e jour du 8e mois solaire, autrement dit du samedi 15 au samedi 22 novembre du calendrier Julien, le 25e jour du 8e mois solaire  correspondant avec précision au lundi 17 novembre, en n'oubliant pas que dans le Judaïsme, le jour commence la veille au soir à 18 heures. Pour une vue d'ensemble, nous renvoyons ici à notre Tableau synoptique (partiel) et au Calendrier Solaire de l'an + 4 de JC  selon les manuscrits de la Mer Morte.

 

 


Ainsi renseigné de solide façon sur le fait que l'année + 4 de JC fut bien une année I du cycle de VI ans des Gardes [13], nous pouvons dresser le tableau suivant :

 

 

Historien

an 3 av JC

an 2 av JC

an 1 av JC

an 1 de JC

an 2 de JC

an 3 de JC

an 4 de JC

Astronome [14]

– 2

– 1

0

+ 1

+ 2

+ 3

+ 4

An de Garde

I

II

III

IV

V

VI

I

Année de Rome

751

752

753

754

755

756

757

des Hébreux

3758/59

3759/60

3760/61

3761/62

3762/63

3763/64

3764/65

 

Dans ce tableau, en remontant depuis  l'an 4 de JC., nous découvrons que l'an 1 avant JC correspond à une année III du cycle des Gardes, ce qui signifie qu'une garde de la famille Abiah y a bien eu lieu la 26ème semaine de cette année-là, soit très exactement du samedi 18 septembre au samedi 25 septembre du calendrier Julien, ou de l'année 753 de Rome, ou encore au tout début 3761 des Hébreux, l'année du calendrier  hébreu commençant le 1er jour de Tichri (lundi 30 août de l'an 1 av. JC). Cette semaine julienne concorde avec la semaine des Hébreux qui débutait, cette année-là, le jour du Shabbat, 28ème jour du 6ème mois solaire, et se terminait le Shabbat suivant, le 4ème jour du 7ème mois solaire.

 

Suite à la vision de Zacharie pendant la 26ème semaine de l’an solaire, Jean-Baptiste fut conçu fin septembre de l'an 1 avant JC (conception fêtée le 23 septembre dans l'Église orthodoxe) ; il est donc né logiquement à la fin juin de l'an 1 de JC (754 de Rome / 3761/62 des Hébreux).

Ces deux chiffres d'années hébraïques s'expliquent par le changement d'année aux environs de septembre julien

 

 

Si nous savons donc :

 

1°-          que l'année de garde de Zacharie et donc de la conception de Jean est toujours une année III sur VI du cycle des Gardes,

2°-          que l'année de la naissance de Zacharie et de la naissance du Christ, - tous deux nés la même année -, est donc nécessairement une année IV du cycle de VI, et

3°-   qu'une telle année IV/VI ne tombe qu'en l'an 1 de JC. (754 de Rome) ou qu'en l'an 6 avant JC. (soit – 5 des astronomes, aussi an IV/VI ),

alors, reporter éventuellement à l'an 7 voire même 8 avant JC. la naissance de Jésus, tout autant que la placer en l'an 5, 4, 3, 2 ou 1 avant l'ère devient insoutenable.

 

Deux dates restent donc possibles pour la naissance de Jésus : soit 1 de l'ère chrétienne, soit 6 avant l'ère chrétienne, ou en langage d'astronome, +1 ou – 5.

 

La scrupuleuse et légendaire rigueur des Juifs en matière de service liturgique, service au sujet duquel les Manuscrits de la Mer Morte livrent d'inattendues précisions, cette rigueur exclut toute hypothèse d'une année autre que ces deux dernières pour la détermination de la date de la naissance de Jésus-Christ.

 

Il nous faut, ici, scruter à nouveau les données bibliques.

 

Au début du chapitre 3, v. 1 à 3, de son évangile, Luc dit ceci à propos de Jean :

 

1

Or  en l'an 15 du gouvernement de Tibère César,

Ponce Pilate étant-gouverneur de la Judée,

et Hérode tétrarque de la Galilée,

or Philippe son frère tétrarque des territoires de l'Iturée et de Trachonitide,

et Lysanias tétrarque de l'Abilène,

2

sous (le) pontificat d'Anne et Caïphe,

une parole de Dieu advint sur Jean le fils de Zacharie dans le désert.

3

Et il vint vers toute [la] région-environnante du Jourdain

proclamant un baptême de repentir pour une rémission des péchés.

 

Et un peu plus loin, au v. 23, Luc continue à propos de Jésus :

 

23

Et Jésus lui-même était (en) commençant à-peu-près de trente ans

 

La question tourne ici autour d'un seul petit mot grec : " æse… " (ôsei), qui signifie devant un nom de nombre : "à peu près, environ". Ayant six mois de plus que Jésus, Jean a donc lui aussi aux alentours de trente ans lorsqu'il entame son ministère prophétique. Et Luc signale que l'empereur Tibère qui a succédé à l'empereur Auguste, est dans son année 15 de règne (an 15 et 8 mois, c'est-à-dire sa 16ème année de règne). Or Tibère a succédé à Auguste le 19 août de l'an 14 après JC., et a été intronisé solennellement en fin septembre de la même année, après les semaines de deuil

Le 19 septembre correspond au décompte des années du règne de Tibère mort le 17 des calendes d'avril en an 37 de JC selon Suétone –( le 16 mars 37 JC -).

Ici trois calculs sont possibles : 1°- soit que l'on compte les années de règne par les années civiles entamées (usage romain) ; 2°- soit que l'on compte les années de règne à partir de la date d'intronisation ; 3°- soit que l'on ne compte que les années civiles complètes, les derniers mois de la première n'étant pas comptabilisés.

Dans le premier cas, nous comptons à partir de l'an 14, - de janvier à décembre -, pour arriver à une 15e année de règne qui s'étend de janvier à décembre 28. Dans le second cas, nous comptons d'août en août (ou d'octobre en octobre), pour arriver à une 15e année de règne qui s'étend d'août 28 à août 29 (ou d'octobre 28 à octobre 29). Dans le troisième cas, nous comptons seulement la première année de règne à partir de l'année 15, et nous aboutissons à l'an 29 (de janvier à décembre) comme 15ème année de règne.

Dans la 1ère hypothèse (an 28), Jean né en 1 de JC. a 27 ans en juin 28 et entre dans sa 28ème année ; dans les 2ème et 3ème hypothèses, il a 28 ans en juin 29 et entre alors dans sa 29ème année, ce que Jésus fera fin décembre de l'an 29.

Si l'on tient compte des paroles exactes de Luc, qui rapporte d'abord que c'est la Parole de Dieu qui fut adressée à Jean en l'an 15 du règne de Tibère (Lc 3,2), qu'ensuite Jean se rendit vers toute la région du Jourdain (3,3), - cette tournure de phrase pouvant éventuellement vouloir dire qu'il parcourut cette contrée -, qu'il attira progressivement à lui des foules (3,7. 10. 15), jusqu'à ce qu'il intrigue tellement ses coréligionnaires que tous finissent par se demander s'il n'était pas le Christ (v.15), et qu'il continua son ministère un certain temps après avoir baptisé Jésus et avant que Jésus n'entame son propre ministère, nous sommes en droit d'allouer à Jean un minimum de temps pour réaliser sa mission. Luc n'a jamais dit que Jean avait baptisé Jésus en l'année 15 du règne de Tibère. Et les v. 19 et 20 du ch. 3 de Luc, qui parlent de l'arrestation de Jean par le tétrarque Hérode, sont placés juste avant la courte relation du baptême de Jésus et laissent ainsi entendre que le baptême de Jésus eut lieu vers la fin du ministère de Jean, ce qui apparaît comme très cohérent. En accordant à Jean un minimum d'une année de ministère prophétique, avant que Jésus ne vienne à lui et n'entame à son tour sa propre mission, nous arrivons à cet "environ trente ans" pour Jésus, et nous ne nous éloignons pas du récit de Luc.

Dans toutes les autres éventualités imaginées, nous infligeons au texte de Luc des distorsions arbitraires considérables et injustifiables.

 

Quant à se référer aux dates émises par Flavius Josèphe, qui pratiquement est le seul à parler de toute une série d'évènements ou de personnages cités par l'évangile de Luc, nous voulons attirer l'attention sur plusieurs points. D'abord sur le fait que beaucoup reconnaissent à Flavius Josèphe des harmonisations, compilations et remaniements forcés. Ensuite qu'il fournit souvent, d'un écrit à l'autre, une double chronologie, parfois fluctuante, parfois même carrément contradictoire, des mêmes évènements mentionnés, ce qui rend difficile la recherche de précision à partir de ses propres indications. Sa chronologie présente des difficultés pas nécessairement insolubles mais délicates.  

 

A la lumière des documents de la Mer Morte, nous avons constaté que Luc s'appuie sur un élément de grande rigueur : le calendrier des Gardes des 24 classes sacerdotales juives. Pourquoi se montrerait-il soudain aussi vague à propos de l'âge de Jésus ? Pourquoi donnerait-il à son "à-peu-près de trente ans" une marge d'approximation de 6 à 7 ans pour indiquer l'âge du Christ au début de son ministère public ? Ceci constituerait un écart notoire et même une énormité par rapport à une précision dont nous vérifions aujourd'hui qu'elle se veut solidement alignée sur une pratique rigoureuse des Juifs, précision dont, par ailleurs, Luc prend la peine de bien souligner, dès le tout début de son évangile (1,1-4), qu'il eut à cœur de la rechercher en tout :

 

1

Puisque beaucoup entreprirent

de composer un exposé au sujet des faits

qui ont-été-pleinement-accomplis parmi nous,

2

selon ce que nous transmirent

ceux-qui depuis le commencement

sont-advenus témoins-oculaires et serviteurs de la Parole,

3

il me sembla bon à moi-aussi

ayant-suivi-attentivement depuis-l'origine

tout avec-précision

de t'écrire de façon-ordonnée

illustre Théophile

4

afin que tu reconnaisses

en ce qui concerne les paroles dont tu fus instruit,

la solidité.

 

Luc souligne clairement la minutie de l'enquête qu'il a voulu mener personnellement avant de relater les évènements, et cela dans le but avoué d'affermir la foi de son lecteur. Là où Luc propose du solide, pourquoi se plaire à l'affaiblir ? Car cette minutie est fondée.

           Il n'est pas originaire de Palestine, mais d'Antioche de Syrie, et rien ne laisse entendre qu'il était Juif. Il est donc étonnant que ce soit précisément lui, plutôt que Matthieu, qui relate le trait relatif à la garde de la famille sacerdotale d'Abiah. Eloigné qu'il est de Jérusalem, Luc ne peut fournir un tel détail "technique" qu'avec l'aide d'une solide source de renseignement juive, si ce n'est même d'une personne contemporaine des évènements rapportés. Car relater une garde d'une semaine d'une famille sacerdotale précise, garde qui s'est déroulée à Jérusalem et au moins 40 ans plus tôt, ne se fait pas par hasard. 

 

Au vu de tout ce qui précède, reporter éventuellement à l'an 6 av. JC. la naissance de Jésus, sous prétexte que cet an 6 était aussi une année IV du cycle des Gardes, s'avère incompatible avec le maintien de l'an 15 de Tibère, l'âge de Jésus passant alors de 30 à 36 ans à l'aube de son ministère public.

 

Si la 15e année du principat de Tibère va du 19 septembre 28 JC  (après le mois de deuil de Auguste mort le 19 août 14 JC) au 19 septembre (ou octobre) 29 et si Jésus avait été crucifié en mars 29 comme certains le soutiennent, il aurait à peine eu le temps d'entamer son ministère qu'il aurait été aussitôt crucifié, ce qui est aberrant. En juin 30 JC, Tibère régnait depuis 15 ans et 9 mois ( Confirmé par Flavius Josèphe  ( Ant.Jud. livre 18 chap 6-10) : Tibère règne  22 ans 5 mois 3 jours )

Et si Jésus était né en l'an 6 avant JC. (- 5), et crucifié en 34, il aurait alors eu 40 ans, ce qui est tout aussi invraisemblable, car en totale contradiction et avec les données évangéliques et avec la Tradition Vivante de l'Église.

 

 

 

Conclusion

 

 

 

Jésus est bien né le 25 décembre en l'An I de l'Ère [15], et il est même permis de préciser que ce 25 décembre était un dimanche. [16] Telle est l'année établie par Denys Minor, canoniste et computiste originaire de la Scythie Mineure (Roumanie, 6e s.) [17]. Venu à Rome vers 500, ce moine y travailla pour plusieurs papes, notamment pour le Pape Jean Ier (523-526), à la demande duquel il se pencha sur la chronologie de Pâques. C'est à cette occasion que Denys présenta l'an 754 de la Fondation de Rome comme étant l'An I de l'Incarnation, (en mars) et de la Nativité (en décembre) de Jésus-Christ. Sur quelles données disponibles à son époque, Tradition orale ou écrite, s’est-il basé pour établir son calcul, voilà qui demeure un mystère jusqu'à ce jour, mais le résultat de son calcul s'accorde avec les données lucaniennes (St Luc) et se voit entériné par l'analyse approfondie de ces fragiles fragments des Manuscrits de la Mer Morte.

 

Il resterait à se pencher sur les dates de naissance, d'accession au trône et de mort d’Hérode le Grand ; mais celles-ci soulèvent trop de questions que pour être traitées dans le cadre de cet article. Certains détails donnés par Flavius Josèphe à ce sujet demandent cependant qu'on leur accorde une attention particulière, ce que nous ferons dans un complément à venir. De même, la chronologie de Quirinus soulève bien des questions sur lesquelles nous reviendrons. Quant à la date de la crucifixion, elle fera, elle aussi, l'objet d'un travail ultérieur.

 

Par ailleurs, les archéologues n'ont pas encore pu boucler leurs derniers rapports en ce qui concerne la forteresse Hérodion, qui est aussi le tombeau d'Hérode, puisque la quatrième tour est toujours en attente d'être fouillée. Il paraît donc prématuré de se baser sur des interprétations de textes de Flavius Josèphe qui gardent des contradictions non résolues pour faire planer le doute et jeter a priori le discrédit sur les travaux de Denys Minor et sur les renseignements que livrent les Manuscrits de la Mer Morte.

La légende veux que Denys Minor se nomme lui-même Denys le Petit par rapport à un autre Denys célèbre. Ce Denys le Petit, moine, très érudit, très minutieux et très consulté par les Papes et les scientifiques s'appelle Denys Minor en souvenir de sa province native en Roumanie nommée Scythie Minor.

Le père de l'auteur de ces lignes est aussi originaire de Roumanie (Barlad).

Mésestimer les écrits de Denys Minor ne fut-ce que par répétitions inconscientes et surtout non contrôlées est peu élégant et non justifié.

 

En cette année 2005 de l'An de l'Incarnation et de la Nativité, Noël sera célébrée aussi un Dimanche 25 décembre, s'il plaît à Dieu

 

 

 

Henriette Marquebreucq-Horovitz                         Waterloo, le 4 novembre 2005

hhm@skynet.be

 

 

 

 

Annexes

 

 

Annexe 1 :           Extrait du Bulletin : "Terra Sancta", nov-déc. 1999

               (sous la direction des Pères Franciscains en Terre Sainte)

 

 

"Jusqu'à présent on a cru que la date du 25 décembre était une christianisation des saturnales romaines qui célébraient la renaissance du soleil "toujours vainqueur".

Et voici qu'une nouvelle découverte jette un peu de lumière sur la date de la naissance de Jésus. Le savant israélien Shemaryahu Talmon a déjà publié une étude sur le calendrier de la secte juive de Qumrân. Il y retrouve le calendrier des services au Temple que les prêtres assumaient à tour de rôle, au temps de la naissance de Jésus. La famille d'Abiah, à laquelle appartenait le prêtre Zacharie, père de S. Jean-Baptiste (Lc 1,5), devait entrer en service deux fois l'an : du 8 au 14 du troisième mois et du 24 au 30 du huitième mois. Cette dernière date tombait à la fin de septembre. Il est donc logique que le calendrier byzantin fête la conception de Jean-Baptiste le 23 septembre, neuf mois avant sa naissance le 24 juin. Les "six mois" dont il est question lors de l'annonce de l'ange coïncide bien avec la fête liturgique du 25 mars, trois mois avant la naissance du Baptiste, le 24 juin, et neuf mois avant le 25 décembre.

Voilà qui donne une valeur historique au choix du 25 décembre pour la fête de Noël."



[1] La traduction des textes des évangiles est toujours refaite littéralement sur le grec.

[2]  En 440 et pour la toute première fois, le pape Sixte III célèbre une messe de Noël à minuit. Et c’est sous Charlemagne que fut instaurée la célébration des trois messes, de la Nuit, de l’Aurore et du Jour de Noël.

[3]  Bayet, Jean, La Religion Romaine, éd. Payot, 1976, pp. 226 à 229.

[4]  Une petite explicitation doit être donnée ici à propos du décalage des solstices et équinoxes. L'introduction intempestive d'années bissextiles a provoqué le décalage des solstices et des équinoxes, les faisant passer du 25 du mois sous Jules César, au 21 du mois, la chose ayant été constatée en mars 325 par les astronomes et actée la même année par les Pères du Ier Concile de Nicée. Cette équinoxe du 21 mars a été maintenue jusqu'à ce jour pour le calcul de la fête de Pâques.

[5] L'article relatant la "découverte" de ce professeur est paru dans le Bulletin des Pères Franciscains, "Terre Sainte", nov./ déc. 1999. Nous en reproduisons un extrait en annexe.

[6] Michael Wise, Martin Abegg, Jr., Edward Cook, Les Manuscrits de la Mer Morte, Plon, 2001 ; repris en collection de poche Tempus, n° 45, éd. Perrin, 2003. Précisons que les calendriers synchroniques donnent les correspondances précises entre les mois de l'année luni-solaire (354 jours) et les mois de l'année solaire (364 jours) et sont, comme tous les autres, des calendriers d'archives et non prévisionnels.

[7] Le seul changement par rapport à l’ordre donné en I Chroniques, concerne la famille Gamoul qui a été                rétrogradée au  profit de la famille Delaja, à l'époque, semble-t-il de Hyrcan. Chaque famille comptait environ 200 à 300 membres et l'on tirait au sort ceux qui devaient prester la semaine échue à la famille.

[8]  http://www.theol.rug.nl/~tigchelr/priesterdiensten.htm : avec les colonnes week [semaine], dag [jour] qui se réfère au mois solaire et non julien ou grégorien, et jaar [année].

[9]  Cfr Wise, 4Q328, p.402.

[10]         Cfr Wise 4Q321, fragment I, col. I, p. 390-391.

[11] Cfr Wise, p. 374-375. Ce terme "duqah" embarrasse les chercheurs selon lesquels il ne peut que signifier "1er croissant" (parler de 1er quartier est astronomiquement incorrecte) ou "nouvelle lune". Mais l'étude minutieuse de ce document, avec les lunaisons de la NASA, la liste des gardes et le calendrier solaire, indiquerait plutôt qu'il s'agit d'un lendemain de néoménie, lendemain de l'observation du 1er croissant (et non 1er quartier), et 1er jour ouvrable du mois lunaire. La racine = soit "observer", soit "se briser", soit "dévoilement" ou bénédiction du Rosh Hodesh (tête ou premier jour du nouveau mois lunaire).  

[12] Cfr Espenak F., Moon Phases from -1999 to +3000 ; http://sunearth.gsfc.nasa.gov/eclipse/phase/phasecat. html ; et nombreux autres sites sur le sujet.

[13] Bien que tardif, un ancien document rabbinique affirme que l'an 70 après JC était une année I sur VI au moment de l'incendie du Temple de Jérusalem avec la garde de Jojarib (retrouver cette référence) ; ce document vient à son tour corroborer le fait que l'an 4 après JC, 66 ans soit 11 cycles plus tôt, était bien lui aussi une année I sur VI, et donc que l'an I avant JC était bien une année III sur VI, indispensable pour trouver une garde d'Abiah vers l'équinoxe d'automne.

[14] Pour des nécessités purement mathématiques, les astronomes se voient contraints d'introduire dans leurs calculs une année zéro ; il faut donc toujours rester vigilant pour savoir de quelle année exacte il est parlé, puisque l'an 0 des astronomes correspond à l'an 1 avant JC, l'an – 1 à l'an 2 avant JC et ainsi de suite.

[15] Soit un lendemain de Shabbat comme plus tard pour sa Résurrection.

[16]         La naissance de Jésus a donc lieu au solstice d'hiver, celle de Jean au solstice d'été.

[17] Venu vers l'an 500 à Rome, peut-être déjà à la demande du pape Gélase Ier (492-496), Denys Minor publia d'abord des canons grecs et latins. Puis, sous le pape saint Symmaque (498-514), il rassembla des décrétales pontificales. Enfin, à la demande du pape Hormisdas (514-523), il réalisa une édition gréco-latine des canons synodaux de l'Église grecque dont il ne reste que la préface. Invité par le Pape Jean Ier (523-526) à travailler sur la chronologie de Pâques, Denys publia ses deux lettres De ratione paschæ, son Cyclus decemnovennalis, et ses Argumenta paschalia, où il insistait sur l'adoption du cycle pascal alexandrin de dix-neuf ans, et continuait les tables pascales de saint Cyrille pour une durée de 95 ans à partir de l'an 525 ; c'est dans ce travail que, rompant avec l'ère de Dioclétien ou des martyrs (29 août 284), il compte pour la première fois les années à partir de la naissance de Jésus-Christ, qu'il fixait en l'an 754, de Rome. (D'après DTC, IV, 448-449.) On lira aussi les lignes que son ami Cassiodore lui a consacrées dans ses "Institutiones", l. I, 23, PL, t LXX, col 1137.